Un article de fond très intéressant pour les candidats à l’ordination
L’intégral sur ÉGLISES D’ASIE
Introduction
Le bouddhisme asiatique exerce une fascination sur les
Occidentaux au point qu’un certain nombre d’entre eux recourent aux
spiritualités asiatiques et notamment aux méthodes de méditation bouddhique
pour trouver réconciliation et paix. Le bouddhisme semble ainsi aujourd’hui
durablement installé dans le paysage religieux de l’Europe et des Etats-Unis.
On constate aussi que certains de ces Occidentaux veulent aller plus loin et
franchissent le pas en se faisant ordonner bonzes. ...
... Quelques dizaines de bonzes occidentaux vivent ainsi en
Thaïlande, pays du bouddhisme du Petit véhicule. Qu’est-ce qui les a motivés à
transformer du tout au tout leur mode de vie ? Quels sont les difficultés et
les bénéfices de ce changement ? Leur présence a-t-elle un impact en retour sur
le bouddhisme thaï ?
Les difficultés
Entrer dans la vie monastique bouddhique pour un Occidental,
c’est tenter de franchir une double haie. D’abord de s’arracher à la routine
confortable d’une vie laïque et de s’astreindre à une discipline rigoureuse.
Ensuite, de quitter son univers culturel pour pénétrer dans un nouvel environnement
où tout est différent, de la langue à la nourriture. Les difficultés abondent
et beaucoup se laissent décourager en cours de route. Elles sont d’ordre
multiple.
L’insolite (extrais)
Un autre bonze occidental vivant en Thaïlande, le Français
Phra Kitthivetho (de son nom civil Louis Vétro et qui a quitté la robe au début
de 2013) a aussi longuement fréquenté le bouddhisme tibétain en France avant de
s’engager dans le bouddhisme theravada thaïlandais. Avide de rencontrer des
bonzes thaïlandais âgés et charismatiques, il a été amené à prendre la robe
dans des circonstances assez étonnantes. Un bonze vénérable âgé de 95 ans,
Luang Pu Tim, auquel il rendait visite fin 2007 dans le temple Wat Phra Khao de
la province d’Ayuthaya, l’a interpellé dans une foule de visiteurs. Il lui a
expliqué qu’il allait mourir dans un an et lui a demandé s’il voulait bien se
faire bonze pour lui. Surpris, Louis Vétro, qui était marié et dirigeait une
entreprise en Thaïlande, a demandé une semaine de réflexion, avant d’accepter
la demande du vieux moine……
Ceux qui abandonnent la voie (extraits)
Les bonzes que nous avons rencontrés sont des bonzes qui ont
« réussi », c’est-à-dire des bonzes qui ont conservé l’habit pendant au moins
cinq ans, qui n’ont pas été découragés par les difficultés de la vie
monastique. Il ne faut pas cacher toutefois le fait qu’ils représentent une
minorité des Occidentaux qui viennent en Thaïlande pour se faire ordonner.
Selon Phra Achalo, plus de la moitié de ces ‘postulants’ ne deviennent jamais
bonzes. Et parmi ceux qui le deviennent, une bonne partie d’entre eux quittent
l’habit après une, deux ou trois années. Cela n’a rien d’étonnant. La prise
d’habit dans le bouddhisme thaïlandais est généralement temporaire. Les jeunes
Thaïlandais qui atteignent l’âge de 20 ans se font bonze pour quelques jours,
et un grand nombre de ceux qui arrivent au terme de leur carrière
professionnelle se font également ordonner. La plupart des Thaïlandais ont été
ordonnés à deux, trois ou quatre reprises durant leur existence.
En ce qui concerne les Occidentaux, la raison la plus
fréquente de leur abandon de l’habit est le fait qu’ils n’ont pas réussi à
s’astreindre aux contraintes de la vie monastique. Dans une petite minorité de
cas, il s’agit d’une désillusion vis-à-vis du comportement de certains moines……
Ajahn Brahm
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