Le plus gros animal terrestre passe difficilement les
frontières incognito. Mais rien n'arrête les trafiquants qui, selon des
militants, alimentent en éléphants les attractions touristiques de Thaïlande et
menacent encore un peu plus l'espèce asiatique du pachyderme.
Ces éléphants d'Asie, dont les femelles sont dépourvues de
défenses, ne font pas les gros titres comme leurs cousins africains, abattus
pour leur ivoire et qui seront l'une des stars de la réunion s'ouvrant dimanche
à Bangkok de la Convention sur le commerce international des espèces menacées
d'extinction (Cites).
Mais ils sont eux aussi en danger, notamment sous la
pression d'une industrie touristique accusée d'être des plus voraces. «Tout le
monde, même les soi-disant centres de préservation, essaient d'acheter des
éléphants», estime ainsi John Roberts, de la Golden Triangle Asian Elephant
Foundation.
En 1989, les éléphants domestiques de Thaïlande, qui a fait
du pachyderme l'un de ses emblèmes nationaux, s'étaient retrouvés au chômage
après l'interdiction des exploitations forestières. Mais ils ont été
reconvertis dans le tourisme.
Les camps et autres zoos qui exhibent les mastodontes dans
des spectacles de funambule, des matchs de foot ou encore des concours de
peinture, emploient la quasi totalité des 4000 éléphants domestiques du pays
(contre 2000 à l'état sauvage).
Et le nombre de bébés qui «entrent dans le système» est
supérieur à ce qui semble possible «par reproduction naturelle», souligne
Roberts, qui a lui-même décidé il y a sept ans de ne plus acheter d'éléphants
pour son camp, où vivent 26 pensionnaires.
«Je ne vois pas comment acheter un éléphant sans provoquer
le trafic d'un autre», regrette-t-il, soulignant qu'un mahout remplace
systématiquement son animal. Du coup, les prix explosent, de 500 000 à 2
millions de bahts (12 000 à 50 000 euros) par bébé, selon les estimations.
Certains imagineraient de complexes scénarios, mais
«l'option la plus logique est de prendre une route normale», relève Vincent
Nijman, spécialiste du commerce d'espèces sauvages à l'université d'Oxford
Brooks. «L'éléphant peut être dans un camion ou même marcher» devant des
douaniers corrompus.
Une analyse partagée par des défenseurs de l'environnement
qui dénoncent la capture en Birmanie d'éléphanteaux sauvages, revendus ensuite
dans un des 150 camps thaïlandais.
L'ONG britannique Elephant Family estime à entre 50 à 100 le
nombre de bébés ou de jeunes femelles vendus chaque année de l'autre côté de la
frontière. «La Thaïlande est sans aucun doute une plaque-tournante», accuse Dan
Bucknell, l'un de ses responsables.
La situation n'est guère plus enviable de l'autre côté de la
péninsule, au Laos.
Il ne reste que 480 éléphants domestiques au «pays du
million d'éléphants», indique Gilles Maurer, responsable de l'ONG Elephantasia,
qui évoque une espèce en danger avec près de 90% des animaux âgés de plus de 20
ans. Et en ligne de mire un risque d'extinction d'autant plus rapide que des
bébés sont exportés.
À terme, la perspective pèse sur l'espèce toute entière. Car
une fois les éléphants domestiques disparus, craint-il, «il y a un risque très
fort que des braconniers capturent des sauvages» qui ne sont déjà plus que 300
à 500 dans l'ensemble du Laos, en raison de la dégradation de leur habitat
naturel.
En 2012, les autorités thaïlandaises ont mené des contrôles
dans les camps et saisi quelque 25 animaux, dont 19 «sans-papier» restent sous
leur protection.
Mais les militants réclament une réforme de la loi. La
Thaïlande a besoin «d'un suivi plus transparent de la population et des
naissances», insiste Petch Manopawitr, du Fonds mondial pour la nature (WWF),
plaidant pour la mise en place d'une base de données, via des micropuces ou des
tests ADN.
Source :LaPresse.CA via Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS,AFP Bangkok
A MEDITER
La seule phrase qui m’interpelle :
« Une fois les éléphants domestiques disparus. »
Pourquoi devraient-ils disparaitre puisque ils arrivent à se
reproduire en captivité ?
SUBLIME
Eléphant Safari Park : Les gestes de survie d’une mère,
leçon de vie :
Premier ministre Yingluck Shinawatra rencontre des étudiants déguisés en animaux avant l'ouverture de la 16ème réunion de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages (CITES) à Bangkok aujourd'hui.
Photo : Chaiwat Subprasom
Photo : Chaiwat Subprasom
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